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Et si nous étions tous coupables ?

Cinema. Dans son dernier film « Angles », le réalisateur   remonte subtilement la chaîne des responsabilités d’un accident de la route à travers un scénario original consacrant aussi le retour de l’actrice Tatiana Matip. 

« On ne devient pas écrivain parce qu’on a des choses à dire mais parce qu’on sait les dire », disait en son temps un célèbre écrivain français. Jeune étoile montante du cinéma Camerounais, Frank Thierry Lea Malle semble avoir fait sienne cette maxime qu’il applique à sa manière pour le 7ème art.
Sorti en septembre 2018 « Angles » peut se classer dans la catégorie du genre dramatique et à thématique sociale. Ce court métrage montre avec finesse, les conséquences funestes de la corruption et de la mal gouvernance sur le quotidien des populations. L’intrigue du film s’inspire des faits réels comme cet accident qui, en 2014 a coûté la vie à  plusieurs écoliers donc Arthur Embiid le petit frère de la star camerounaise de la Nba, Joël Embiid.

Un camion de bois mal garé sur le flanc d’une colline qui laissera une dizaine de familles dans le désarroi. Si l’issue de l’histoire est connue d’avance, le spectateur ignore comment on est arrivé là. Et c’est sur ce dernier point que Frank Thierry Léa Malle va habillement utiliser pour construire son scénario. Son écriture cinématographique fait s’entrecroiser le temps passé, présent et même futur sans que le cinéphile ne perde le fil de l’histoire. Un choix risqué de faire alterner l’après et l’avant du drame. Mais Frank Thierry Lea Malle aime prendre les risques et sortir des sentiers battus. On l’avait déjà remarqué dans son court métrage « Point de vu ». Ce plaidoyer en faveur des droits de la femme  lui a d’ailleus permis de remporter le concours «10 jours pour 1 film » organisé par le festival Ecrans Noirs en partenariat avec le Goethe Institut et le Film Arche d’Allemagne.  On ressent d’ailleurs l’influence de sa formation en Allemagne à travers le recours aux dialogues par Sms, qu’il avait déjà utilisé dans « Hands » son court métrage réalisé en Allemagne dans le cadre de sa bourse de formation à Film Arche.


Comme les pièces d’un puzzle, l’histoire se reconstitue petit à petit. Le spectateur comprend que l’accident a eu lieu parce que les services techniques, les services de transports, les policiers et gendarmes chargés du contrôle routiers  n’ont pas joué leur rôle ; le conducteur du camion interprété par Eshu Rigobert est coupable d’avoir confié le volant de son poids lourd à son motor-boy ; et cette mère en pleurs (Tatiana Matip) pleine de remords d’avoir renvoyée sa fille sur le chemin de l’école alors que celle-ci venait de se faire mettre au portail pour insolvabilité.

 « Angles » n’est pas riche en rebondissements mais on ne s’ennui pas durant 15minutes et 50 secondes. La qualité de la photographie signée (Jean-Marc Anda), l’éclairage, le son sont au rendez-vous. Le casting est de qualité et propose un savant mélange de comédiens confirmés et de jeunes débutants. « Angles » consacre en effet le grand retour de l’actrice Tatiana Matip qui fit les beaux jours du cinéma camerounais il y a une dizaine d’année. Un de ses films notables est « Confidences » de Cyrille Masso avec Daniel Ndo, Thierry Ntamack, Koppo. Ici, elle donne la réplique à un Eshu Rigobert moins rigolo que par le passé mais toujours professionnel  dans son jeu. Tout comme Amadou Sali. L’autre point fort de « Angles » est sans doute l’usage spontané des langues locales dans les dialogues. Un style encore peu valorisé dans le cinéma camerounais. Pas étonnant que « Angles » a été projeté deux fois le même soir du 28 septembre au Goethe Institut. Le public était au rendez-vous.
 Elsa Kane
Frank Thierry Lea Malle
« Angles »
15min50s Drame
 Septembre 2018, Inception Art et Com

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