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Litterature Africaine: Une enfance à Pitoa

Roman.   « Les imparfaits », du Camerounais Clément Dili Palaï rend hommage à Pierre Jacquet l’ancien directeur de l’école Pilote de ce village.

Ils sont nombreux les romanciers qui ont écrit sur leur enfance. Aujourd’hui considéré comme  un classique de la littérature africaine, « L’enfant noir » du guinéen Camara Laye en est la parfaite illustration. Plus près de nous, Calixte Beyala raconte sa jeunesse à Kassalafam  un bidonville de Douala dans « La petite fille du réverbère ».  Avec  « Les imparfaits » publié cette année aux éditions Clé, Clément Dili Palaï, leur emboîte le pas.  L’écrivain  nous livre un pan de son enfance. Celle passée à l’école primaire  pilote de Pitoa  dans la région du  Nord. Le récit se déroule dans les années 78. A cette époque, l’école Pilote de Pitoa jouit d’une considération pareille à celle du collège Vogt aujourd’hui. Les élèves sont admis par concours. Et c’est naturellement qu’on y retrouve les meilleurs de la région.

Aujourd’hui, nombre d’anciens élèves de l’école Pilote de Pitoa occupent d’ailleurs des postes de responsabilité dans l’administration publique. Parmi ces  anciens « pilotiens » ont peu cité : Amadou Ali, le vice-premier ministre chargée des relations avec les assemblées, Oumarou Bouba, le recteur de l’université de Yaoundé 1 et Alamine Ousmane Mey l’actuel ministre des Finances.
Certains passages du livre sont particulières drôle. Clément Dili Palaï raconte avec beaucoup d’émotion, son initiation à l’anglais à travers le livre « Living Together », ses difficultés à conjuguer les verbes aux imparfaits et sa découverte du cinéma à travers le film « Orfeu Negro » de Marcel Camus. 


Sous sa plume, apparaît le portrait du français Pierre Jacquet alors directeur de l’école Pilote de Pitoa et figure emblématique de ses instituteurs d’antan dont l’unique souci était la formation des enfants à lui confié. « L dernière fois que j’ai vu Jacquet, c’était en 1989. A Garoua. [….]. Ce fût un jour mémorable pour moi. Depuis mon départ de l’école Pilote, je n’avais jamais imaginé que je reverrais le père bâtisseur de nos consciences et de notre avenir. J’étais très ému», écrit Clement Dili Palaï. Mais ces quatre années à l’école pilote de Pitoa ne furent pas seulement celles des études et des jeux. En janvier 1982, le romancier perd son camarade Mamoudou Alhadji  dit Maliki décédé  d’un cancer de la gorge. L’émotion est encore vive chez l’auteur lorsqu’il écrit sur cet ami « parti trop tôt ».

Ecrit à la première personne du singulier, « Les imparfaits » est un témoignage d’une époque aujourd’hui révolue. L’auteur récrée avec beaucoup de réalisme, ce que devait être la vie d’un petit écolier du Nord sous l’ère du président Ahmadou Ahidjo.  Fait de phrases courtes, le style de Clément Dili Palaï est clair et concis. Mais  les textes ne sont pas romancés. L’oralité domine en effet dans la plupart des passages qui doivent être dit plutôt que lus. En fait, Clément Dili Palaï  qui est par ailleurs professeur de littérature africaine à l’université de N’Gaoundéré propose ici un écriture plus technique que littéraire. Ce qui n’enlève rien à la beauté de ce  roman à lire pour se réconcilier avec l’enfant qu’on a été.
Elsa Kane Njiale

Clément Dili Palaï
Les imparfaits
Editions Clé, 129 pages
Juin 2012

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