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Les femmes et l'habitude du malheur



Littérature. A travers le portrait de six femmes à l’existence chaotique, Marie-Rose Abomo-Maurin dénonce les dysfonctionnements de la société camerounaise. 
 
Des prénoms comme un chapelet de cauchemars » est un recueil de six nouvelles ayant pour cadre plusieurs villes du Cameroun, que l’auteure nomme de façon symbolique. C’est l’histoire de six femmes d’époques différentes, « celle du premier président et celle d’après le  premier président », que la vie et ses calamités n’ont pas épargnées. L’action dans ce livre débute à l’aéroport de « Sawa » et s’achève à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. C’est, en effet, dans un avion en partance pour la France que Noémie, l’une des protagonistes du livre, ouvre, la première, la porte à la confession. Elle raconte sa triste vie à Aurélie, une femme d’une trentaine d’années  qu’elle ne connait pas. Le plus important étant de parler, de raconter les souffrances morales longtemps cachées,d’ouvrir la bouche jadis muette de honte et de peur.
Ainsi, à travers les voix de Noémie et d’Aurélie, que le lecteur découvre des histoires tragiques, les unes après les autres. Il y a celle de Noémie, jeune et jolie fille promise à un bel avenir qui se retrouve mère célibataire et sans emploi. Elle découvre que son père doit sa richesse au sang des menstruations de jeunes filles. Il y a ensuite l’histoire d’Aurélie, victime d’inceste. Il y a aussi celle d’Agathe, dont l’avenir est compromis par l’assassinat de son père, un homme intègre qui voulait jouer à Zorro dans une société gangrénée par la corruption. Il y a encore Mireille, vendue à  « un vieux blanc » par des parents véreux, qui découvre l’homosexualité  de son autre mari camerounais. Et Pauline, l’intellectuelle assassinée et dépouillée de sa fortune par son jeune époux. Il y a enfin l’histoire de Marilou, prostituée par sa propre sœur.

Le livre se lit d’un trait. Marie-Rose Abomo-Maurin ne laisse aucun répit au lecteur, car les histoires se suivent comme les grains d’un chapelet. Aussitôt qu’une porte se referme sur une vie de femme chaotique, une autre s’ouvre. Pour raconter ses histoires, l’écrivaine use d’un vocabulaire épuré mais pas puéril, où se mêlent quelques africanismes. Marie-Rose Abomo-Maurin décrit, avec un humour caustique, les tares qui minent notre société : pédophilie, inceste, sorcellerie, proxénétisme, corruption, inertie etc. Son œuvre se caractérise par son genre. En effet, les nouvelles présentées n’obéissent pas aux caractéristiques classiques de la nouvelle. On retrouve dans « Des prénoms comme un chapelet de cauchemars » des textes brefs et d’inégale  longueur. A la différence de  « La papaye» de Séverin Cécile Abega, les nouvelles d’Abomo-Maurin ne sont pas construites dans le but de préparer le lecteur à un rebondissement. Ici, la tension propre aux nouvelles réside dans la succession des récits et la tragédie que vivent les personnages. Cette tension ne quitte pas le lecteur à la fin du livre. Car Noémie et Aurélie sont arrivées en France. Mais trouveront-elles enfin le bonheur auprès de leurs correspondants français ? 



Née à Samgmelima dans la région du sud, Marie-rose Abomo-Maurin est professeure de lettres en France. Elle est l’auteure de «Parlons boulou : langue bantou du Cameroun » et de « Littérature orale : genre, fonction et réécriture », aux éditions L’Hamattan-Cameroun et de « Minkul mi nlem : épines de mon espoir », un recueil de poèmes paru en 2006 aux éditions de la Ronde. Dans ce dernier livre, son nom est incomplet sur la 1ère de couverture : « Marie Abomo-Maurin ». Il faut aller à la 4ème de couverture pour découvrir qu’il s’agit bien de l’écrivaine camerounaise Marie-Rose Abomo-Maurin
.


Marie-Rose Abomo-Maurin Des prénoms comme un chapelet
de cauchemars
Edition Ifrikiya
Yaoundé, février 2010
95 Pages
Prix : 3000 Fcfa

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