Sans salaire
pendant les vacances, la maîtresse donne des cours de répétition et soigne des
maladies à base de plantes.
Les vacances,
Marie-Chantal Eko’o n’en connaît pas. Enseignante depuis un an au centre
éducatif bilingue " Les Destinées" à Yaoundé, "maîtresse Chantal
" comme l’appellent affectueusement ses élèves, travaille toute l’année
sans répit. Dans son lieu de service, les maîtres ne sont rémunérés que pendant
les périodes des classes. Soit neuf mois sur 12. «
L’école a ouvert
ses portes il y a tout juste un an. Elle ne dispose pas encore de moyens
financiers conséquents pour nous payer pendant 12 mois », explique
Marie-Chantal qui n’est pas à sa première expérience de ce genre.
En effet, depuis
2009, date de son entrée dans la profession d’enseignante, la quinquagénaire a
toujours travaillé dans des écoles primaires privées où la période des vacances
n’était pas rémunérée. Une situation difficile pour cette mère de cinq enfants,
qui doit payer son loyer, préparer sa retraite et s’occuper de la scolarité de
sa fille cadette de 20 ans. Heureusement ses quatre autres enfants sont tous des
adultes autonomes. Ainsi, pendant les vacances, Marie-Chantal a l’habitude de
fabriquer des infusions pour le traitement des maladies comme la fièvre
typhoïde. Sa bonne connaissance des plantes médicinales l’aide beaucoup. Elle vend
ses remèdes à des connaissances.
A partir de
juillet, elle donne des cours de français et de mathématiques, à des enfants
âgés entre 6 et 10 ans. Les cours ont lieu quatre fois par semaine, de 9h à
13h, aux " Destinées" au carrefour Jamot. Un travail de longue
haleine qui n’a jamais entamé son enthousiasme pour l’éducation.
Pourtant,
Marie-Chantal a d’abord fait une formation de secrétaire bureautique en 1990, avant
de se tourner vers l’enseignementen 2009. Elle suit à cet effet une formation
d’un an auprès de l’Association pour la défense de l’environnement, la santé et
la formation (Anadef), une Ong camerounaise. « L’association forme les
enseignants du primaire. Elle est reconnue par le ministère de l’Education de
base et la délégation départementale du Centre », explique Marie-Chantal. Son
travail lui permet de s’épanouir, malgré la modeste rémunération qu’elle perçoit.
« J’aime beaucoup travailler avec les enfants. Surtout les plus petits. Quand
un enfant est bien tenu au primaire, il fera un parcours scolaire sans faute»,
soutient l’enseignante thérapeute.
Elsa
Kane
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