A Mbalmayo, l’animatrice
rurale transforme depuis 10 ans les feuilles de gnetum en boisson, savon et huile.
Ce samedi, Anne Bikene
est dans son petit atelier du quartier
New Town à Mbalmayo. Des seaux d’eau et
des bouteilles en plastiques sont posés pêle-mêle sur une table. Assise sur un
tabouret, l’animatrice rurale remue énergiquement à l’aide d’une spatule dans
un seau rempli d’un liquide vert. « Je suis en train de fabriquer du whisky
d’okok », explique-t-elle à des visiteurs curieux d’assister à la
transformation d’un produit qui sort de l’ordinaire.
« Tous ceux qui
arrive ici sont étonnés d’apprendre qu’on peut transformer les feuilles du gnetum
en boisson. Mon whisky est très bon. Il contient 43% d’alcool et coûte entre
5000 et 10000 F Cfa. J’y ajoute un peu de jus d’orange pour le bon goût »,
dit-elle. « Cela fait plus de 10 ans que j’effectue des recherches sur
l’okok comme on l’appel chez les béti. Ces feuilles ont des vertus sur le plan
alimentaire et thérapeutique. Les feuilles d’okok aide à soigner
l’hypertension, les mycoses, et bien d’autres maux », révèle
l’agricultrice contente de partager ses connaissances sur une plante dont elle
regrette la faible vulgarisation.
« Moi, je fais
tout avec l’okok. Je me lave, je traite mes cheveux et mes petits bobos de septuagénaire avec», dit-elle comme pour convaincre
les sceptiques. D’ailleurs Anne Bikene. Parce que Anne Bikele ne se contente
pas de transformer l’okok en whisky, elle en fait aussi des produits capillaire
(huile, shampoing, savon). En plus de l’okok, cette passionnée de
l’agro-alimentaire extrait l’huile des avocats, des graines de sésame et même
des graines de ricin communément appelées djassang et utilisées pour
l’assaisonnement des sauces. Un travail
de titan grâce auquel elle s’est construit une réputation au Cameroun et
au-delà. « Mema Anne » a toujours vénéré le travail de la terre.
Dans les années 70
lorsqu’elle quitte sa lékié natal pour rejoindre son époux à Mbalmayo, C’est
dans l’agriculture, la culture de l’okok qu’elle se lance. « Je louais 3
hectares de terrains. Mais il y a quelques années, j’ai du les rétrocéder au
propriétaire ». Malgré le poids de l’âge et sa vue qui a considérablement
baissé, la présidente de l’association Elat-Meyong crée une pépinière pour la
culture de l’okok où de nombreux jeunes intéressés par l’agriculture viendront
se former. Mais déjà pour « Mema Anne » qui a perdu nombre de ses
enfants, la force n y est plus. Elle se concentre désormais à la transformation
des produits. Tout se fait encore manuellement. Anne Bikene éprouve des
difficultés pour l’emballage et la distribution de ses articles. Son vœu et
celui de sa petite fille qu’elle a initié est de trouver des partenaires
financiers. « J’ai aussi un manuscrit fruit de mes recherches sur l’okok.
Je cherche un éditeur qui peut m’aider à le publier », espère, la
« reine d’okok ».
Elsa Kane
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