Vous avez récemment publié un premier roman « Walaandé, l'art de partager un mari » aux éditions Ifrikiya. A quand remonte votre passion pour l'écriture?
Votre livre raconte l'histoire de 4 femmes qui vivent dans un foyer polygamique. Il y a Sakina l'intellectuelle, Nafissa la plus jeune des 4 qui est amoureuse d'un jeune médecin, Djaïli, la jalouse et Aissatou « la mère de la maison ».
Effectivement, « Walaandé »
décrit ce foyer polygamique où les quatre épouses, toutes différentes les unes
des autres vivent ensemble et se partagent le mari selon les règles de la
bienséance peuhl. J’ai tenu à mettre en exergue les réalités que vivent au
quotidien les femmes dans un ménage polygamique. Mais en plus de la polygamie,
le roman évoque d’autres thèmes tout aussi importants : les violences à
l’encontre des femmes, le mariage précoce et forcé, la répudiation…
Écrit dans un style vivant et plein d'humour « Walaandé » parle en particulier de la polygamie telle qu'elle est pratiquée au nord-Cameroun. Pourquoi écrire sur la polygamie ?
L’objectif premier est d’apporter une visibilité de la société dont je suis issue à dessein d’inciter à une prise de conscience des problèmes qui existent. La polygamie est une pratique courante dans nos sociétés et cause de nombreuses souffrances. Dès lors, en parler devient une nécessité.
Nous sommes en plein 21ème siècle. Pensez-vous que ce mode de vie soit dépassé ?
Le mariage est une adhésion réciproque à un programme de vie. Je ne m’érige pas en juge et encore moins en législateur et d’ailleurs, ce n’est pas mon rôle en tant qu’écrivaine. Ceci dit, la polygamie présente un certain nombre de problèmes sociaux qui incitent à bien d’interrogations sur le mode de vie qu’elle exhale.
Votre livre aborde
également la question du vide affectif des hommes, et en particulier des
polygames. Un thème peu traité dans la littérature camerounaise !
La polygamie a les
qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités. Dans
« Walaandé », les femmes vivent leurs frustrations et de fait,
s’éloignent de leur conjoint qui se retrouve davantage seul. Autant dire ici
que la multiplicité d’épouses disperse par ailleurs un sentiment désormais
évanoui.
L'une des
protagonistes de « Walaandé » s'appelle Djaïli. Quelle part de vous,
avez-vous mis dans ce livre?
Il y’a toujours une
part de soi dans chaque ligne qu’on écrit. Cependant, « Walaandé »
est une fiction ; même s’il est comme tout œuvre de l’esprit inspiré du
réel. Il reste bien entendu que ce roman n’est pas une autobiographie.
Propos recueillis
Elsa Kane
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