Art plastique.
La peinture disparue en avril dernier à 88 ans était un pionnier en Afrique
central. Une exposition hommage se déroule actuellement à l’ifc de Yaoundé.
Gaspard
Gomán est mort comme il aura vécu. Dans la discrétion. Et pourtant l’homme
qui a quitté la scène en avril dernier à 88 ans après un long combat contre la
maladie était loin d’être illustre inconnu. Les critiques d’art s’accordent
pour dire que Monsieur Gomán est l’un des pionniers de l’art contemporain en Afrique
centrale. Au Cameroun, ce peintre né en
1928 à Santa Isabel (actuel Malabo en Guinée Equatoriale) de parents
camerounais est surtout connu pour ses sculptures monumentales et ses
mosaïques. Notamment, pour la réalisation de la façade d’Afriland First Bank en
plein cœur de la rue des banques ou encore celles qui ornent les murs de la
direction générale des Impôts à Yaoundé.
Cependant,
l’œuvre de Gaspard Gomán
est loin de se résumer à ces quelques
exemples. Depuis le 16 mai, une exposition hommage à l’Institut français de
Yaoundé (Ifc) offre une belle opportunité d’aller à la redécouverte du génie
créateur de l’artiste. Elle est organisée par le Centre international pour le
patrimoine culturel africain (Cipca) et l’Ifc avec le soutien de l’entreprise
Afriland First Bank.
« L’’accent
sur l’exposition met l’accent sur la valeur patrimoniale indéniable de l’œuvre
de Gaspar Gomán.
Une œuvre sensible et maitrisée née avant tout
d’un besoin intérieur de produire du beau, qui puise dans les références
artistiques occidentales autant qu’elle célèbre l’Homme africain, les cultures
du continent et leur diversité », explique Fabiola Ecot Ayissi, la
commissaire de l’exposition dans la note de présentation du projet.
A
cet effet, « Hommage à Gaspard Gomán
» se prés ente sous deux formes. D’un côté une
vingtaine de tableaux d’inégales longueurs abordant des thématiques comme la
nature, la culture africaine (le masque) et mettant en scène des personnages
tels que des danseurs, des chasseurs, des lutteurs et des femmes. Ces
personnages sont souvent présentés dans leur plus simple appareil ou vêtu de
pagne. Tout dans l’univers de Gaspard Gomán renvoi la tradition : la présence d’objets comme le tambour,
les statuettes et même la forme graphique des visages rappelant celle des
masques. Une impression confirmée par les analyses de Fabiola Ecot Ayissi.
« Gaspard Gomán
a très tôt manifesté un intérêt pour l’art traditionnel en reprenant des
masques puis des statuettes qu’il a stylisé progressivement de que la statuette
est devenu indissociable de sa création artistique », explique la
curatrice. Elle va plus loin et précise que les pièces babungo et bamiléké,
fang et punu du Gabon et Ifé du Nigéria étaient familières du peintre. C’est
pourquoi elle sont mises en dialogue avec ses tableaux ».
A première vu l’œuvre de Goman parait des
plus simples. Pourtant la riche documentation dans deux tables vitrées montre
que ce génial artiste formé en Espagne où il a d’ailleurs exposé à de
nombreuses reprises, était un chercheur méticuleux. Des croquis réalisés, il y
a plus de 50 ans sur du papier sont encore en parfait état. Gaspard Gomán qui
a enseigné l’art, l’histoire de l’art et l’espagnol dès son retour au Cameroun
en 1972, métrisait l’anatomie. D’où cette précision « chirurgicale »
qu’on retrouve dans ces dessins. Ce n’était
un activiste, mais on ressent dans son œuvre, un puissant besoin de montrer la
diversité culturelle de l’Afrique avec passion tout simplement. Vendredi à
18h30 à l’Ifc un vibrant hommage lui sera rendu. L’entrée est libre.
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