A
travers une série de portraits d’animaux, le photographe malgache Nicky Aina
jette un regard sur la faune camerounaise.
Un
endroit atypique pour une exposition peu courante. En cette rentrée 2013,
l’Institut français de Yaoundé réserve bien de surprise à ses abonnés. Depuis
le 02 septembre, Nicky Aina jeune photographe malgache, a pris possessions du cadre studieux
de la médiathèque. Distillant à travers une vingtaine de portraits, un
parfum de nature
sauvage. L’exposition placés
sous le thème « Expressions sauvages » offre au regard une riche
galerie de mammifères et d’oiseaux d’Afrique immortaliser dans leur habitat
naturel.
Artiste
globe-trotter tombé sous le charme e la faune camerounaise, Nicky Aina a
parcouru les villes et les villages du paysSon appareil-photo a fouillé
les recoins du bois Ste Anastasie, parc
Zoologique et botanique de Mvog-Betsi à Yaoundé et le parc de la Mefou et
Afamba. Le photographe est
aussi allé au Kenya, à
Madagascar, etc ses autres contrées africaines réputées pour leur beauté. Et le
résulta de ce périple est là, poétique
et chargé d’émotions.
Les
images en gros plan montrent tour à tour, un gorille au regard malicieux, un
souimanga femelle au regard perçant, un lion
à la crinière fournit, ces animaux dont les attitudes « rappellent parfois
les nôtres ». Biologiste de formation, Nicky Aina a fait d’« Expressions
sauvages » une œuvre militante en faveur de la protection de la faune
africaine menacées par le braconnage, les changements climatiques. Il précise
les ressort de sa discipline dans l’interview qui suit.
Elsa
Kane
« La photographie animalière n'est pas pratiquée Cameroun ». En séjour au Cameroun, le
photographe explique la
spécificité de cette spécialité
Votre exposition « Expressions sauvages »,
intervient dans le domaine de la photographie animalière. Quelles sont
les spécificités de cette discipline ?
Mon exposition sur le thème "Expressions sauvages"
intervient effectivement dans le domaine de la photographie animalière. C'est
toujours une discipline de la photographie mais qui aborde surtout la nature et
ses composantes, la faune, la flore, le paysage. Disons que sa spécificité ne
réside pas seulement sur le côté technique de la photographie, mais aussi dans
différents aspects comme l'approche ainsi que beaucoup plus de précisions et de
connaissances du sujet en question. La photographie animalière demande beaucoup
de patience et quand on dit beaucoup c'est vraiment BEAUCOUP. Du genre, la
photo d'un lion seulement m'a pris au moins 3 mois. Il faut être très attentif
et observateur pour décoder les mimes de la nature.
Ce type d’exposition est peu courant au
Cameroun. Est-il exagéré de dire que la photographie animalière n’est pas très
pratiquée en Afrique francophone ?
Moi aussi, j'étais un peu étonné de constater que très peu sont
les photographes qui pratiquent cette discipline ici, alors que les sujets ne
manquent pas. Je suis un peu de votre avis pour dire qu'il n'est pas du tout
exagéré de dire qu'au Cameroun, la photographie animalière n'est pas vraiment
pratiquée. Par contre, pour l'Afrique francophone, je ne peux pas dire
précisément ce qu'il en est. Je ne connais pas encore la situation dans les
autres pays.
Qu’est-ce qui explique cette
situation ?
Pour moi cette situation s'explique par plusieurs facteurs,
d'abord par le choix du photographe lui-même car tout le monde n'a pas le même
centre d'intérêt. Ensuite, le choix du sujet qui peut dépendre aussi de son
environnement, de son entourage, de son cursus académique et/ou professionnel,
et même de son éducation. Certainement, il y a aussi l'opportunité du marché,
très peu sont les clients qui s'intéressent aux animaux ou aux fleurs. On ne
peut pas ignorer non plus le facteur de ressources. En effet, les matériels
utilisés et les ressources financières dépensées ne seront pas les mêmes pour
les différents domaines photographiques. Un photojournaliste ne dépense pas
comme un photographe de studio ou un photographe évènementiel.
Quels sont les débouchés de cette spécialité ?
Je dirai que c'est difficile de citer ici une liste des
opportunités pour cette spécialité. Comme de nombreuses autres, elle est très
sélective en terme de client et surtout dans un pays où la culture
photographique est encore très loin de la consommation et de l'achat. Les gens
aiment surtout regarder sans acheter. On
dit souvent que le Cameroun est l'Afrique en miniature et qu'on peut trouver
ici presque toute la totalité des espèces animales existantes sur le continent
mais les gens ne se rendent pas encore compte de cette richesse, y compris les
clients potentiels. Les
demandes de photos venant de l'extérieur dominent largement le marché. A part
les demandes de photo, le mieux est aussi d'entreprendre soi-même. En ce qui me
concerne, les demandes de stages et de cours de photo ne manquent pas.
Périodiquement, j'organise aussi des ateliers, des sorties et des safaris
photo. Les images sont souvent destinées à des ventes en ligne.
Et à Madagascar, comment se porte l’art de la photographie ?
En général, Madagascar est un peut plus avancé si j'ose dire. L'art
lui-même prend une notoriété et les échanges entre photographes sont nombreux.
Avec l'air du numérique, couplé à celui des réseaux sociaux, les photographes
malgaches évoluent actuellement vers un autre stade pour asseoir encore plus
une base à cette expansion grâce au nouvel air de la collectivité et du
syndicalisme. Pour donner quelques exemples, seulement à Antananarivo, on
compte pas moins de dix agences et collectifs dans le domaine de la
photographie. Notamment L'Union
des photographes professionnels de Madagascar (UPPM), dont j'en fais
parti, est presque en place.
Vous êtes également biologiste de profession comment conciliez-vous ces deux
professions ?
Etant biologiste de formation, je suis spécialiste des
reptiles et des amphibiens. Dans cette profession, l'observation sur le terrain
occupe la majeure partie du temps et c'est encore mieux si on rapporte des
preuves photographiques. Disons alors que ce sont deux métiers complémentaires.
Que ce soit une descente sur le terrain pour un inventaire de la faune ou pour
photographier la nature, les procédures sont les mêmes. Sinon, en ville, je
passe la plupart de mon temps à faire des couvertures culturelles, sportives,
d'évènements familiaux, pour des agences photo. Ce sont deux passions qui
m'animent depuis plus d'une décennie et c’est encore loin d’être fini !
Propos recueillis par E.K
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