Animé par le Pr François Bingono Bingono, anthropologue, Sylviane Messina Efouba, chorégraphe, Joseph Owona Ntsama, critique d’art, et le Dr Kampoer Kampoer, chef de service à la direction du Livre (Minac), le séminaire culturel du festival Bia So Mengong a été une véritable leçon sur l’impact de la danse dans la vie des populations.
Mon grand oncle maternel Ateba Djemba était un grand danseur d'Olantsa. A Mengan, petit village du Dja-et-Lobo, région du Sud, il était la star du coin. Mais cela je ne l'ai su qu’à sa disparition. C'est aussi à cette triste occasion que j'ai découvert cette danse patrimoniale. Je connais bien le bol que j'ai d'ailleurs dansé jusqu'àààaaa au mariage de mon ami et frère Hector Mbozo'o, mais dans le pays Bulu, il existe une multitude de danses patrimoniales. Réservées aux rites initiatiques ou populaires. Elles restent mal connues du grand public. Pourtant très entraînantes et cadencées.
L’appel de l’Otoulbaka
Lundi au festival #BiaSoMengong2023, Je n'ai pas résisté à l'appel de l'Otoulbaka. Face au couple formé par Ntolo et Bilounga, je me suis laissée aller. Transportée aussi par la voix de Ze Edith, le guitariste et chanteur du groupe venu du village Emanevam. Accompagné de Japhet au tambour (ngom) et Sylvain aux claviers, il a transporté toute l'assistance de l'hôtel de ville de Mengong dans la bonne ambiance du village. Difficile de résister. Alors j'ai dansé.
Avant de m'arrêter net comme piquée par les paroles du Dr Kampoer Kampoer, modérateur de la conférence sur « Les Danses patrimoniales et us et coutumes bulu: étude des impacts et implications sociales ». Le Dr Kampoer Kampoer, cadre au ministère des Arts et de la culture a comparé les danses à un arbre qui a besoin d’être entretenu pour grandir et avoir des racines profondes. Si aujourd’hui nos danses traditionnelles sont mal connues, c’est parce qu’elles ne sont pas promues à leur juste valeur.
Mais heureusement, a-t-il souligné, des personnes ont compris l’importance de la culture pour le devenir d’une nation. Les fondateurs de The Belinga Fondation en font partie. « L'équipe dirigeante du festival a estimé qu'il fallait débattre sur cette thématique parce qu'elle voudrait que la communauté bulu de manière spécifique et généralement le Cameroun puisse réfléchir sur ce que c'est que nos racines notamment dans la composante danses traditionnelles », a-t-il dit.
Héritage
Les danses font partie de notre patrimoine culturel immatériel. C'est un héritage qui se transmet de génération en génération Ce n'est donc pas pour rien que des experts ont été mobilisés pour entretenir le public sur l'impact social des danses bulu. «Ce qu'on entend par Bulu fait partie d'un système et celui-ci est un ensemble de communauté que nous avons à partie du Centre jusqu'au Sud et pratiquement jusqu'au Nord du Gabon», a expliqué Joseph Owona Ntsam, critique d'art.
Avec son charisme, surfant entre le bulu, le français et l’anglais, le célèbre anthropologue François Bingono Bingono, a rappelé que dans la société Fang-beti-Bulu, chanter ou danser est un moyen de communication par excellence. «Chez nous les noirs, le chant, la danse et la parole poétique sont inséparables. L'africain ne conçoit pas qu'une musique ne soit pas dansée. Qu'elle ne soit pas chantée et qu'elle n'expose pas un bon langage. Tout ceci fait donc que la musique est une communication à part entière».
Joseph Owona Ntsama est allé dans le même sens. «Les bulu ont une manière d'exprimer la vie avec leurs corps. C'est ce qu'on appelle la danse. Danser c'est exprimer ce qu'on ressent avec le corps », a relevé le critique d'art. Papa Djemba, mon grand oncle maternel était connu pour ses blagues. Son talent de danseur d'Olansta n'était que l'expression de cette personnalité facétieuse. J'aurais aimé qu’il m'apprenne quelques pas. Heureusement pour moi, il y a des événements comme le festival #BiaSoMengong pour se reconnecter aux traditions.
Vivre de la danse, vive la danse
Car la danse est un élément important, dit François Bingono Bingono. C'est un facteur de rassemblement, un vecteur de paix. «La danse permet d’aplanir et de consacrer les différents à l’évidence», dit le patriarche Elle peut changer des vies. Troisième expert du séminaire, la chorégraphe
Sylviane Messina Efouba, épouse Yakana a fait un émouvant témoignage sur son parcours. La danse lui a offert de belles opportunités. Depuis 2018, elle organise Le Mevungu, un festival de danse annuel. « Je suis un exemple vivant de la danse auprès de mes proches. Je vis de cette discipline et des spectacles que je fais avec ma compagnie Fleur de Lotus lauréate du Prix Découverte Danse du Goethe Institut en 2017 », a-t-elle dit devant une assistante fascinée.
Elsa Kane Njiale
Quelques Danses Bulu
Mevungu (danse rituelle)
Ozila (danse rituelle)
Mengane (danse populaire)
Bilaba (danse populaire)
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