Education. A cause des
trafics des notes auquel se livrent certains chefs dʼétablissement, lʼutilité
de ce document est remise en question.
Selon Timothée
Mvondo, inspecteur pédagogique de philosophie, le livret scolaire est un
document officiel dans lequel est consigné le travail effectué par un élève au cours
dʼune année scolaire ou de tout son cursus scolaire. Reconnu par le ministère
des Enseignements secondaires (Minesec), il contient les notes séquentielles et
trimestrielles de lʼélève, les sanctions disciplinaires dont il a écopé, ainsi
que les appréciations des professeurs. Dʼaprès
les pédagogues, le livret scolaire est
une sorte de « bouée de sauvetage» pour les apprenants lors des examens nationaux.
«Il peut arriver quʼun bon élève ait des
difficultés le jour de lʼexamen. Le jury qui regarde dans son livret peut
décider de le repêcher, au vu de ses notes
à lʼécole », explique un enseignant.
Tripatouillages
Un livret scolaire |
Conscients de lʼinfluence
du livret scolaire sur le taux de réussite de leur école, plusieurs chefs dʼétablissement
nʼhésitent pas à le trafiquer. «Ce sont surtout les responsables des collèges privés
qui améliorent les notes des élèves dans le livret scolaire. Tout ça pour
écrire quʼils ont eu 100% de réussite, alors
quʼà lʼuniversité, leurs pensionnaires rencontrent plus de difficultés que ceux
des lycées», dénonce un enseignant. Selon ce professeur de lycée, certains jurys
dʼexamens ne consultent plus ce document dès quʼil est établi « quʼun livret
scolaire a été modifié ou quʼil ne porte pas la signature du chef d’établissement
».
Malgré ce
tripatouillage qui concerne aussi bien « les petits collèges que les grands »,
les enseignants soutiennent de manière unanime que le livret scolaire a toute
sa place dans le système éducatif camerounais, surtout lors du baccalauréat qui
ouvre la porte aux études universitaires. «Ce document a toujours son utilité.
Je dirais même quʼil est dʼune importance capitale, car lʼévaluation dʼun candidat
ne se fait pas uniquement à travers les notes. Lʼexaminateur regarde aussi les aptitudes de lʼélève, lʼévolution
de son travail scolaire, ses capacités à se servir de ce qui lui a été
enseigné, ses moyennes dans les matières de base de sa série, etc. Le livret
scolaire permet donc aux jurys dʼexamens de se faire une idée claire du travail de chaque candidat. Le public qui nʼest pas
au courant de ces critères tire souvent des conclusions erronées», affirme Timothée
Mvondo.
Elsa Kane
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