UNICEF 75 ans après, l’urgence d'investir dans les droits numériques des enfants en Afrique cas du Cameroun
La problématique de la protection des données des mineurs, l'impact des réseaux sociaux sur le lien social des adolescents et leur environnement direct pourraient compromettre leur avenir.
Contexte
C'était une blague. Du moins pour Afuh, Azah et Fomusoh. Les trois lycéens camerounais condamnés en 2017 à 10 ans de prison pour une plaisanterie sur Boko Haram. Les trois amis s'étaient transférés des messages comme le font des milliers de jeunes à travers le monde.
En exerçant leur droit à liberté d'expression avaient-ils mesuré les conséquences? Difficile de le dire. Mais ce drame illustre la complexité de l'usage d'internet surtout pour des personnes aussi vulnérables que les mineurs peu conscients des dangers d'internet dans un environnement où les lois sur le numérique sont récentes.
S'il est difficile d'avoir des chiffres sur la présence des adolescents sur internet au Cameroun, on sait néanmoins que le nombre d'internautes ne cessent de grossir dans notre pays avec 9, 15 millions de personnes présentes sur la toile en janvier 2021 (source: Investir au Cameroun), et parmi eux, surement une bonne frange des 11-21 ans.
Génération tête baissée
La démocratisation de l'accès aux smartphones y est pour beaucoup. Par ailleurs, si l'enfant n’a pas accès à l'ordinateur à la maison, il se rend dans les cybercafés. Il en existe encore notamment dans les grandes villes : Yaoundé, Douala, Buea, (Silicon mountain). Dschang; où on rencontre une jeunesse hyper-connectée.
Tenez ! Le 7 novembre, un dimanche. Tous les postes d'un cybercafé de notre quartier étaient occupés par des moins de 15 ans venus regarder des films, etc.
Autant le dire, le monde bouge, celui de l'enfance aussi. 75 ans après sa naissance, l'UNICEF est face à de nouveaux défis. Protéger l'enfance lui impose d'en tenir compte. L'avenir des enfants se trouve dans le digital. Le numérique façonne leurs habitudes. Il faut les préparer. Les encadrer.
Au Cameroun, les actions de l'UNICEF partenaire de poids du gouvernement camerounais ont grandement contribué à
-Faire reculer le mariage précoce
-Faciliter l'accès à l'État civil des enfants des régions du Nord, de l'Est sans acte de naissance.
La santé de la mère et de d'enfants avec entre autres l'équipement des formations sanitaires en zone urbaine et rurale.
co-Une meilleure éducation, particulièrement dans les régions d'éducation prioritaires comme l’Extrême-Nord, l'Est.
-Etc,
Pistes
Certaines de ces avancées pourraient être compromises à cause de la crise sociale née de la présence massive et non supervisée des adolescents sur internet particulièrement les réseaux sociaux. Notamment en ce qui concerne l'éducation, l'apprentissage scolaire.
Il faut :
Sur le plan de l'éducation par exemple. La digitalisation de l'enseignement doit est inclusive
-Protéger les adolescents contre l'exploitation de leurs données
- Garantir l'accès des adolescents à la bonne information
-Superviser ou contrôler la présence des enfants en ligne (lois)
-Assurer la liberté d’expression des enfants en ligne
-Réduire la fracture numérique entre enfants des Zones urbaines et périurbaines
- Protéger les enfants des traumatismes liés à internet. Certains adolescents nous ont confié avoir été traumatisés par les récents scandales sexuels et "Revenge Porn" qui ont inondé la toile. Certains se sont déconnectés de leur compte Facebook pour quelques jours.
Pour embrasser ces nouveaux défis, l’Unicef peut, en dehors du gouvernement camerounais, compter sur la société civile. Notamment les acteurs du numérique déjà bien engagés dans l'éducation et la formation de la population à la citoyenneté numérique.
-Caysti
-Defyhatenow
-Association des blogueurs du Cameroun (ABC)
Et bien d'autres.
Elsa Kane Njiale
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