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Dynastie Le Tigre : " On se fatigue d’une musique qui parle de sexe "

En 5 ans de présence sur le marché discographique, trois albums, des prix glanés à travers le continent, Cédric Biyong Edimengo a su briser les chaînes d’un destin qui lui a très vite arraché la douceur de ses parents. Depuis la sortie d’ « Homogène », ce grand bosseur est sur les routes pour promouvoir l’opus de 15 titres chanté en français et en bulu. Avec sincérité, le chanteur de 26 ans se dévoile tel qu’il est. Un jeune homme amoureux et fier de ses origines camerounaises. Entretien.
 
Vous êtes actuellement en pleine promotion de votre troisième album « Homogène ». Après Douala vous voici à Yaoundé pour une tournée médiatique.  Pourquoi un titre tel que « Homogène » ?
Homogène tout simplement parce qu’on a essayé de développer la problématique et d’apporter une esquisse de réponse. On se fatigue d’une musique qui parle de sexe. Je crois qu’en tant qu’artiste, on peut édifier les populations en soignant la qualité du texte. On essaie donc de proposer des textes tout en dissertant nos problèmes sociaux. On a tenu à équilibrer cet album en proposant des thématiques diverses et variées d’où son appellation. L’album a été réalisé sans featuring parce qu’il représente ce que je suis véritablement, le message que je souhaite délivrer à mon public. Bref, c’est tout moi.

En parcourant les 15 titres d’ « Homogène », on est frappé par la qualité des thématiques que vous abordez. Vous vous placez un peu dans la posture d’un grand frère qui donne des conseils. On a des titres qui font échos aux problèmes de nos sociétés africaines. Pourquoi cette variété ?
C’est justement pour cette raison que l’album s’appelle « Homogène ». Nous trouvons de l’intérêt à sauver des vies musicalement que de chanter pour faire plaisir à une petite couche qui n’a plus rien à perdre. 

Peut-on dire que la musique vous a fait grandir ?
Oui, la musique m’a fait grandir. J’entre dans la musique par passion et à 21 ans je deviens célèbre sans toutefois comprendre où j’étais. Aujourd’hui, je sais mieux ce que je fais, ce que je veux, comment je peux arriver à un niveau appréciable de la musique et ce que j’ai à apporter à mon public, à ma famille. Je ne m’arrête plus sur mes émotions. 

Vous proposez à vos fans des titres comme « Akeva zambe », « C Dieu » qui sont beaucoup plus dans une tonalité gospel. Un peu surprenant non pour un artiste de R’n’B.
Je suis un chanteur de R’n’B. En dehors d’être chanteur, je suis aussi musicien. J’aime bien faire la fusion des rythmes afin de créer quelque chose de nouveau sur le plan artiste.  Le titre « Akeva zambe », c’est pour dire merci pour tout ce qu’il a fait dans ma vie. La chanson « C Dieu, c’est pour dire aux autres que tout ce que l’on a vient de Dieu. On peut être pauvre mais avoir la santé. C’est important de le relever. Il y a des gens qui ont des milliards mais n’arrivent pas à dormir. Il faut reconnaitre que tout ce que l’on a c’est Dieu.

Est-ce que vous pouvez nous dire ce c’est qu’un « Akut Meyok » dont vous parlez dans la piste 2 ?
C’est quelqu’un qui est toujours en état d’ivresse. Un souillard ambulant. Dans cette chanson, je parle du statut que certains amis nous donnent. Il y a une race d’amis qui sont toujours prêt à vous donner la bière, vous gavez d’alcool, vous amener dans les boites de nuit et les cabarets. Mais quand vous avez des problèmes de loyer, ou que votre enfant n’a pas mangé, votre ami qui vous achetait les bouteilles de bière de 50 mille et plus, ils sont incapables de vous donner même 10 mille. Ils ne répondent plus à vos appels. Akut meyok ici invite les uns et les autres de s’éloigner des amis de l’alcool car leur objectif est de vous rendre prisonnier de ce liquide. Dans le titre Mboutmam, je parle des filles qui ne sont pas sincères avec leurs copains. Elle passe le temps à vos poser des problèmes divers pourtant dans son téléphone vos êtes le sponsor. Elle a son vrai amour qui n’est pas vous.

La piste 11 s’intitule « Sur le mur de mon cœur ». Qu’est-ce qu’on trouve sur le mur de votre cœur ?
Il faut toujours penser à la personne qu’on aime. Il faut toujours penser à celle qui nous a fait du bien. Alors là, je parle à la femme que j’aime. On a parfois du mal à dire ‘’je t’aime ‘’ à notre femme ou à notre épouse. Dans cette chanson je trouve les mots pour le faire savoir parce que cela solidifie l’amour. Au départ quand on cherche une femme ou un homme on croit l’avoir pour acquis en reléguant au second plan les mots qui faisaient antan les éléments de conquête.
Depuis plusieurs années, on sent chez vous la volonté de promouvoir un certain art de vivre à la camerounaise, le patrimoine traditionnel. Il y a eu cette chanson « Joue-moi le medjang». Dans « Homogène », on retrouve des titres comme « Djé ene ewé » (Qu’est-ce qu’il y là-bas en langue bulu) ?
J’interpelle les jeunes qui fuient leurs villages. J’aimerai savoir pourquoi ils quittent massivement leurs villages. Qu’est ce qui s’y trouve ? Les jeunes disent qu’ils fuient parce qu’il y a la sorcellerie. Mais il faut qu’ils comprennent que la sorcellerie peut les suivre quel que soit le lui où ils se trouvent. Il y a des choses qui vous arrivent même en ville alors que vous n’êtes pas au village. On pourrait se demander si c’est toujours la sorcellerie. Nos villages ont besoins de nous. Nous sommes des enfants de Dieu. Si nous savons d’où on vient, on saura également d’où on va.  

La disparition de vos parents a été un choc pour vous et vos frères. A chaque album vous leur rendez hommage ?
Oui dans « Mère en Or », je célèbre les mamans dans cette chanson. Quand ma maman était en vie, elle me disait : « vient me voir à Ebolowa ». Moi je n’avais toujours pas de temps. J’étais toujours plongé dans le travail et la musique. Même parfois quand j’y étais en concert, j’envoyais l’argent par des personnes interposées. Je lui donnais tout ce qu’elle voulait. J’ai compris plus tard que je m’intéressais plus au travail. Je ne savais pas que j’allais la perdre. Je regrette pourquoi je n’ai pas profité du peu de temps qu’on avait. Dans cette chanson j’invite les jeunes à reconnaitre que toutes les mères valent de l’or. Quel que soit son statut social, elle est irremplaçable.

Vous êtes souvent invité à la présidence de la République par la première Dame, Mme Chantal Biya. Quels  vos rapports?
(Petit sourire au coin).  Mme Chantal Biya, c’est ma maman ! C’est tout. Il n y a rien à dire dessus. 





Dynastie Le Tigre, le public vous entendra bientôt au cinéma. Notamment dans le film d’animation « Minga et la cuillère cassée » du réalisateur Claye Edou pour lequel vous chantez la bande originale. 
 Je ne suis pas l’auteur de la chanson mais juste interprète. J’ai trouvé des jeunes qui traVaillaient sur le projet. Leur souhait était d’apporter quelque chose de nouveau dans le domaine du cinéma et du film d’animation particulièrement. J’ai été contacté par la suite. J’ai écouté la chanson en question. J’ai trouvé le projet intéressant. J’ai juste apporté ma contribution en l’améliorant en tant que chanteur parce que ce sont des réalisateurs. C’était une manière de les encourager.
Comment est-ce que le public peut entrer en possession d « Homogène » ?
La sortie officielle est prévue pour le 11 août. Les fans attendent sans doute mais on se fait violence jusqu’à la date de sortie. Je suis en contact avec Sony Music par le canal de Hope music qui est mon distributeur. L’album sera sur les plateformes à partir du 11. Il sera disponible également sur les plateformes numériques et physiques. Nous allons distribuer progressivement ce nouveau bébé musical afin que tous les fans puisque entrer en possession.
On vous annonce tout de même pour des tournées à l’étranger. Notamment au Canada ?
Des concerts sont en effet prévus au Canada au mois de Septembre. Cette série de spectacles est prévue dans les trois villes de Montréal, de Toronto et du Québec.
 Propos recueillis par Elsa Kane

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