Littérature.
Aline Zomo-Bem et Francine Ngo Iboum ont décidé d’écrire chacune un livre pour
éviter ce traumatisme à d’autres filles.
Le viol est encore un sujet tabou dans la
société camerounaise. Pourtant d’après le Réseau national des associations
de tantines (Renata) près de 432833 filles
et femmes ont été victimes d’abus
sexuels ces dernières années. Malgré cette « épidémie » certes pas
comparable à ce qui se passe en Afrique du Sud,
peu de victimes osent dénoncer ce crime. «Très souvent la famille
préfère « arranger » la situation pour disent-ils fuir les problèmes »,
regrette Rosine Nono, pair éducatrice. Or le viol peut détruire la vie d’une
victime surtout si celle-ci n’est pas prise en charge. Pour toutes ces raisons
deux femmes ont décidé de briser le silence.
Née à Paris en 1968, Aline Zomo-Bem n’y va pas quatre chemins et assène
« L’enfant de ma mère m’a
violée ». Plus réservée Francine
Ngo Iboum, 25 ans se présente comme une « Fleur brisée », édition
l’Harmattan 2013. Deux femmes, deux destins mais une même envi d’effacer les
blessures du passé et d’éviter ce traumatisme à d’autres. Au cours d’une rencontre jeudi dernier à l’Ifc
elles ont raconté leur drame. Francine a été violée par un malfrat un soir
alors qu’elle rentrait du travail. Ce crime laisse toujours des séquelles chez
la victime. Abusée pendant deux ans, Aline Zomo-Bem a mis près de trente ans
avant de pouvoir en parler. Aujourd’hui l’évocation de cette période s’accompagne
de crise de larmes. « Ecrire m’a servi de thérapie. Je me sentais coupable
de ce qui m’arrivait et j’avais honte », dit-elle.
Ce genre de témoignage est d’autant plus
important qu’il montre que certains hommes refusent de voir la gravité de leur
acte. « Oui ou non je fais bien l’amour ? », demandait le bourreau à
sa victime Francine Ngo Iboum. « Si j’ai pu m’en sortir aujourd’hui c’est
grâce à ma famille et l’aide des psychologues, il faut qu’on arrête de penser
que ce type de spécialiste c’est pour les blancs », dit la jeune fille qui
dit avoir cherché en vain l’aide d’une association. C’est pourquoi elle a fondé
l’association de Soutiens aux victimes d’agressions sexuelles, (Savas).
Elsa
Kane
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