Citoyenneté Locale
L'ONG invite les communes du Cameroun à briser la fracture numérique en améliorant la médiatisation de leurs actions et en favorisant l'ouverture des données publiques.
Le rapport de l'évaluation de l'état de la participation citoyenne locale au Cameroun et les opportunités qu'offre Internet est désormais disponible. Il a été présenté le 26 juin à Yaoundé lors d'un cocktail dînatoire devant un parterre d'invités parmi lesquels, le maire de la commune de Banyo, des hauts responsables de Communes et villes unies du Cameroun (CVUC), des leaders d'associations et mouvements des jeunes en politique. Cette présentation a marqué le premier temps fort d'une soirée réglée comme une montre suisse.
Six mois d'enquête
Les travaux de terrain ont été conduits par le Dr Aristide Mono de la Société camerounaise d'intelligence et de de recherche. Pendant six mois, son équipe et lui ont sillonné 4 communes: Makénéné et Eséka dans la région du Centre; Njombé-Penja et Loum dans le Littoral et 43 départements sur les 58 que compte le Cameroun. L'objectif de cette étude était de collecter des données sur le contexte de collaboration entre les jeunes et les communes, d'analyser l'implication des jeunes dans les politiques publiques et l'usage d'internet comme canal de collaboration.
A ce titre, 5989 personnes soit : 5258 jeunes ;337 responsables communaux, 200 membres de la société civile, 75 chefs traditionnels et 50 responsables religieux ont été interrogés par 63 enquêteurs communaux encadrés par 20 superviseurs régionaux dans 43 départements de l'étude.
la suite de ce déploiement, le constat est clair : " En analysant le niveau d'acclimatation des différentes parties de l'outil Internet en général et les réseaux sociaux en particulier, on s'est rendu compte que peu de communes disposent des sites Internet et utilisent d'ailleurs la plateforme quand elle est disponible, pour essayer de publier ou médiatiser leur politique publique", a indiqué Aristide Mono.
Des cellules de Com sans budget
Les communes n'ont pas su voir au numérique une opportunité de développement et de conquête d’un public jeune. L'étude révèle que : "Le taux d’utilisation d’internet dans les différentes options de collaboration n’est que de 5,25%". Par ailleurs, " Le niveau de sollicitation d’internet dans le choix des canaux de concertation entre les jeunes et les mairies est seulement de 4%". L'une des causes de cette situation est la méconnaissance des atouts de la Civic Tech, la non maîtrise des outils digitaux par les équipes communales, la modicité ou l'absence d'un budget au sein des cellules de communication des communes, ont expliqué Bertrand Dzou, responsable de la communication de la commune de Mbankomo et David Gordjao responsable communication de la commune de Lagdo.
Les jeunes préfèrent le buzz
D'autres parts, on observe la désaffection des jeunes pour les questions de politique publique." On a également le fait que les jeunes de leur côté n'utilisent pas internet et les réseaux sociaux pour participer aux politiques publiques communales. C'est beaucoup plus des affaires liées au buzz liées à la distraction", souligne Aristide Mono.
Ce désintérêt est également nourri par plusieurs réticences. "Au niveau de l'Alliance Internet et la participation citoyenne, il y a encore des réticences qui ont pour mobile par exemple, la question de la légitimité des élus , la question de la bonne gouvernance, la question même technique parce que nous sommes allés au-delà de la simple photographie pour interroger du point de vue sociologique du point de vue anthropologie et du point de vue de l'économie politique même pour voir qu'en fait, le problème est un peu plus grave", fait savoir Aristide Mono.
Un cadre normatif
Lors de sa prise de parole, le représentant du Président du CVUC a souligné qu'il existe plusieurs instruments qui consacrent la participation des jeunes aux politiques publiques. Notamment le Code de transparence et de bonne gouvernance de 2019 ou à la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. " Ce code transparence suggère aux mairies de pouvoir mettre à la disposition des populations, des jeunes et aussi attirer ces jeunes, les intégrer dans le montage, le suivi et l'évaluation même des politiques publiques c'est d'ailleurs la première observation qui nous a frappé", relève le directeur de la Société camerounaise d'intelligence et de de Recherche.
Perspectives
David Gordjao dit avoir tiré les leçons et compris les enjeux de la Civic Tech et l'Opengovloc ou ouverture des données publiques. Comme son confrère de la commune de Mbankomo, il a présenté une feuille de route et élaboré une stratégie digitale destinée à promouvoir les activités de la commune, à mobiliser les acteurs de la société civile dans la gestion des biens publics, à promouvoir le tourisme et l'ouverture des données.
Elsa Kane
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