Inspiré par ce conte du Mvet, la compagnie de danse a donné un spectacle osé et très coloré vendredi à Yaoundé.
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Credit photo : Otitié Etoile |
Deux hommes montent la garde à l’entrée de la salle de spectacle du Centre culturel camerounais. Les parties intimes dissimulées par un cache-sexe, ils ont le corps décoré de peinture tribale et une lance à la main comme les guerriers d’antan. « Qui sont ces hommes maman», demande une enfant à sa mère. Les spectateurs qui affluent ce vendredi au Ccc ne savent pas que cet accueil fait partie de la mise en scène d’ « Emo-minlang ». La comédie musicale de l’association culturelle « Otitié Etoile» raconte l’une des plus belles histoires de la littérature orale camerounaise, celle du roi « Akomo Mba », l’incontournable maitre d’Engong Zok, le pays des immortels. Le conte se déroule du temps où l’architecture dominante était celle des cases en terre battue et en feuille de Raphia.
Détenteur du secret de l’immortalité, « Akomo Mba » est craint par ses sujets. Mais sous ses dehors froids, le chef d’Oveng (magnifiquement interprété par Jason Olivier Mballa) cache un cœur indulgent. Il pardonne volontiers les incartades de sa nombreuse progéniture. « Emo-milang » se déroule sous la forme d’une chantefable et raconte en différents tableau la vie quotidienne dans la cour du chef. La compagnie revisite des chants comme « Mama wam meboya », « Nlam », « Mone minga aben ya ma », « Wa yi na me boya », « Ewol papa » ou encore « Bidzi », « Tara akab melug ».
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Otitié Etoile |
Dans « Emo-Milang », il est question d’amour, de joie, de liberté, de compassion. Les chants tout comme les chorégraphies parfaitement huilées ont captivé le public par leur originalité. Il ne pouvait être autrement pour une compagnie dirigée par des valeurs sûres de la danse que sont les chorégraphes Jérôme Manda Doum et Francis Yakana. Ils n’ont rien laissé au hasard. Du choix des costumes, à celui de la régie lumière et de la décoration de qualité. Il faut également souligner l’extrême qualité du casting qui a mobilisé 39 personnes pour 25 danseurs-chanteurs au potentiel énorme.
Si les chorégraphies étaient surtout tournées vers le bikutsi, la danse bol, ou la danse bafia, ce spectacle se caractérise aussi par son ouverture à d’autres rythmes (samba, hip-hop). Une écriture qu’on doit à la chorégraphe française Melinda Parizot, directrice artistique adjointe de la compagnie. En 1h30, « Otitié Etoile» a offert une comédie musicale unique et dynamique, un cocktail savamment dosé qui démontre avec force, toute la richesse culturelle du Cameroun.
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